CREARTYO

 
 
QUELQUES EXEMPLES DE RESOLUTIONS DE CONFLITS :

 

TEMOIGNAGES : expérience personnelle – retours des enfants, des enseignants, et des parents
Extrait d’un livre en cours d’écriture : histoires complètes ou résumés 


Yolande DELETANG, incitée à partager son expérience par ses fidèles lecteurs

 

SOMMAIRE

 

Chapitre 1 : Conflits entre enfants
-    1) Il m’a frappé ! Non, c’est elle ! (faute rejetée sur l’autre)
-    2) Il ne court pas assez vite ! (discrimination)
-    3) J’ai envie de taper (violence contenue)
-    4) Je suis seul (suspicion d’autisme)
-    5) Je me révèle (transformation d’un timide et d’un hyperactif)
-    6) Il se moque de moi (harcèlement)
-    7) Je l’avais en premier (appropriation d’un objet convoité)
-    8) Il a dit des gros mots (désacralisation des gros mots)


Chapitre 2 : Conflits entre parents et enfants
-    1) Vous avez un livre sur les jeux vidéo ? (enfant qui passe son temps à jouer aux jeux vidéo)
-    2) Mon enfant ne veut pas faire ses devoirs 


Chapitre 3 : Conflits entre enseignants et enfants 

 

Chapitre 4 : Conflits entre adultes

 

 

Note de l’éditeur

 

Yolande DELETANG, ancienne formatrice auprès des enfants en difficulté scolaire, des personnes analphabètes et illettrées s’est reconvertie en écrivaine pendant la période de confinement dû à la COVID-19. Elle a tout d’abord proposé aux enseignants de faire illustrer ses livres par leurs élèves, de la maternelle au collège. Ses livres se regroupent en différentes collections et s’adressent à tous les âges. Les enfants ont la possibilité de s’approprier le livre grâce à une partie coloriage à la fin. L’auteure a été amenée par la suite à encadrer elle-même les ateliers d’illustration dans les écoles, les centres aérés. Elle se rend également dans les crèches, les écoles, les centres aérés, les médiathèques… pour raconter ses histoires. En fonction de l’âge des enfants, elle s’appuie sur différents supports : un raconte-tablier, un tableau, un kamishibaï, des marionnettes et des personnages qu’elle a créés elle-même en crochet. Tous ses racontages sont suivis d’échanges, de débats. La richesse de ce parcours a conduit plusieurs lecteurs à inciter l’auteure à partager son expérience.

 

 

CHAPITRE 1

CONFLITS ENTRE ENFANTS


Je traite, dans mes livres, de situations, de problématiques de la vie courante, et des divers sentiments et émotions que peuvent éprouver les enfants. Cela fait émerger des interrogations, des confidences et alimente les débats à la suite des racontages ou lors des ateliers d’illustration. 
Suivant les âges, donc les collections, j’écris puis raconte ces petits contes dont les héros sont soit des animaux, soit des enfants. Lors de ces séances, le dialogue, les échanges sont encouragés. Des conflits peuvent apparaître. Des situations problématiques sont évoquées. Grâce à la possibilité de manipuler les marionnettes et les personnages que j’ai créées en crochet et qui accompagnent chacun de mes livres, les enfants libèrent leur parole, peuvent jouer un rôle, interagir. La richesse et l’efficacité de cette pratique m’ont incitée à partager mon vécu en apportant mon témoignage.
Encadrer un groupe d’enfants pour les faire illustrer un livre n’est pas de tout repos. Pour l’animateur, l’activité demande beaucoup d’écoute, de remise en question. Il y a régulièrement beaucoup d’imprévus, de problèmes à régler avant de pouvoir se mettre au travail. L’espace est prévu pour mettre en confiance les enfants et les inciter à se confier. Ils le sentent bien et en profitent. Cela donne des séances parfois bruyantes mais au combien intéressantes et libératrices.
Que ce soit dans l’écriture, les racontages, ou lors des débats et des ateliers d’illustration, je travaille avec les enfants :
-le respect
-l’écoute 
-la bienveillance
-l’entraide
-La responsabilisation
-la conscience de soi, 
-l’honnêteté. 
En restant moi-même, dans une attitude positive et en dédramatisant les situations.

Chaque histoire, détaillée ci-après, apporte une finalité spécifique, mentionnée dans les objectifs décrits en fin de chaque histoire. 


Histoire 1
Il m’a frappé !
Non, c’est elle !

 

Lisa et Tino sont assis côte à côte sur un tapis parmi seize autres enfants. Je dois expliquer au groupe le travail que l’on va devoir faire aujourd’hui : prendre connaissance des livres déjà parus, de la manière dont ils sont illustrés. Le but est de leur donner un aperçu du travail qu’ils vont devoir effectuer : illustrer un nouveau livre. Lors de cette même séance, ils pourront jouer avec les marionnettes et les personnages qui vont avec chaque livre, une cinquantaine en tout. Cela leur permet de mieux rentrer dans l’histoire et de créer la leur. 
Auparavant, je fais l’appel et fait connaissance des enfants. Seuls six sont nouveaux. J’ai déjà eu les autres enfants l’année précédente. Mais l’appel est interrompu : Lisa pleure. Je fais immédiatement une pause :
- Il y a un problème ? demandai-je.
- Oui, Tino m’a tapé, dit Lisa.
- Non, c’est elle qui m’a tapée, répond Tino.
- Non, moi j’ai rien fait, c’est lui qui m’a tapé, renchérit Lisa.
-Non, c’est elle, insiste Tino.
- Oui, mais c’est lui qui a commencé, précise Lisa.
- C’est pas vrai ! s’énerve Tino.
Impossible de les mettre d’accord. Impossible de savoir qui a vraiment tapé, sans doute les deux. Et dans ce cas qui a commencé ? Je leur dis donc :
-Je n’ai pas vu ce qui s’est passé, je ne peux donc pas trancher. Vous vous êtes sans doute tapés plus ou moins mutuellement. Je vous propose de repartir à zéro, de faire la paix à partir de maintenant. On ne peut pas revenir en arrière. Si vous voulez, vous pouvez vous séparer, pour éviter de vous chamailler à nouveau.
Les deux enfants décident de rester côte à côte, et de faire la paix. Ils comprennent mon attitude et acceptent que je n’aie pas pris parti. Ils apprécient que je leur propose une solution pour que les choses s’arrangent à l’avenir, et qui ne pénalise personne. Lisa arrête de pleurer. Je peux démarrer l’activité, à savoir leur parler des livres déjà parus et tout ce qui tourne autour. 
Mais quelques instants plus tard, Tino se déplace pour rejoindre ses copains. Ils deviennent bruyants. Je suis obligée d’intervenir : 
-Si Vous n’êtes pas capables par vous-mêmes d’écouter dans le silence, par respect pour la personne qui parle, je serai dans l’obligation de vous séparer !
Ils promettent bien sûr de se taire. Mais cela ne dure pas longtemps. Au bout de trois interventions (ils étaient prévenus), je les sépare :
-Il est important que l’on puisse travailler dans le calme et le respect. Quand quelqu’un parle, on ne couvre pas sa voix. Je ne vous demande qu’un court instant d’attention de temps en temps. Vous passez à côté d’informations utiles, et vous gênez vos camarades, qui eux sont intéressés et veulent participer. Je ne vous sépare pas pour vous punir mais pour vous aider à rester attentif, et respecter les autres. 
Quand quelques instants plus tard, les enfants peuvent jouer avec les marionnettes et les personnages, Tino s’en donne à cœur joie. Il court dans tous les sens, va de groupe en groupe jusqu’à ce qu’il se canalise en faisant jouer un rôle à sa marionnette : elle se bagarre avec plusieurs personnages. Il finit par construire un petit scénario avec d’autres enfants. Ainsi, les plus calmes peuvent jouer tranquillement.

 

Objectifs : 
-Pour l’enfant : pardonner et repartir sur de bonnes bases - gérer la colère, la rancœur 
-Pour l’adulte : trouver des solutions sans punir afin de développer la responsabilisation - donner un temps de décompression, canaliser la violence chez l’enfant.  

 


Histoire 2
Il ne court pas assez vite

 

Les maternelles sont en récréation. Deux enfants sont à l’écart et discutent : Roméo, de petite taille, espiègle et vif, et Dimitri, un garçon du même âge mais plus grand, potelé, et taciturne. Je les entends de loin : 
D : Je peux jouer avec toi ?
R : Non, reste là, tu ne cours pas assez vite !
D : Personne ne veut jouer avec moi. Qu’est-ce que je vais faire ?
R : Moi, je joue avec mes copains. Je ne te veux pas.
Voyant l’enfant lutter pour ne pas pleurer, je décide d’intervenir :
A Roméo : tu as le droit de choisir les enfants avec qui tu veux jouer, mais regarde la tête de Dimitri. A-t-il l’air heureux ?
-Non.
-Est-ce que c’est ça que tu veux : lui faire de la peine ou voudrais-tu le voir heureux ?
-Je ne veux pas le voir triste. 
-Tu peux donc peut-être faire un effort pour jouer un moment avec lui, tout à l’heure une fois que tu auras joué avec tes copains ? Tu es d’accord ?
-Oui.
A Dimitri : 
-Et toi, que ressens-tu ? Tu es triste ou heureux ?
-Je suis triste.
-Eh bien, il ne faut pas le cacher à Roméo et lui dire que tu acceptes qu’il joue déjà avec ses copains et que ce serait bien si tu pouvais les rejoindre un peu tard. Vas-y, dis-lui.
Dimitri, prenant son courage à deux mains, s’adresse à Roméo :
-Je suis triste. Personne ne veut jouer avec moi. Est-ce que tu pourras jouer avec moi tout à l’heure ? Ça me ferait plaisir.
Aux enfants :
-C’est bien Dimitri. C’est très courageux de ta part d’oser dire à Roméo ce que tu penses.
-Et toi Roméo, c’est très gentil, respectueux de l’écouter.
-Vous êtes deux enfants responsables. Vous pouvez être fiers de vous.
Suite à cet échange, Roméo a finalement proposé à Dimitri de jouer tout de suite avec lui et ses copains et a même ajouté : 
-Ce n’est pas grave si tu ne cours pas vite. Tu partiras un peu avant nous.
C’est incroyable ce que les enfants peuvent trouver comme idée pour résoudre un problème à partir du moment où ils ont conscience des conséquences de leur façon d’être et d’agir. Leur capacité de bienveillance ne demande qu’à être révélée.


Objectif : Désamorcer des attitudes qui pourraient servir de base à du harcèlement. 

 


Histoire 3
J’ai envie de taper

 

Une animatrice est absente aujourd’hui. Je récupère quelques enfants de son groupe. Parmi eux se trouve Anthony, un enfant de 6 ans très indiscipliné. J’accepte de le prendre en charge malgré les inquiétudes de la référente. 
Rapidement, il touche à tout, provoque les autres, court partout. Il n’écoute pas mes explications concernant le travail du jour : décorer le pourtour d’une feuille à dessin de format A3, au milieu de laquelle sera inséré un dessin de format A4. Le but est de confectionner un kamishibaï à la bonne taille.
J’insiste donc sur le fait que l’enseignante nous prête gracieusement sa salle de classe et qu’il est important de respecter le matériel scolaire ainsi que les travaux réalisés par les enfants de la classe. Malgré ce rappel, Anthony désobéit. Il continue à courir, à toucher à tout et à perturber les autres enfants. La référente des ateliers, venant vérifier si tout se passait bien avec Anthony, intervient. Mais cela n’apporte pas un meilleur résultat. Je décide donc de prendre Anthony à part :
-Que se passe-t-il ? Pourquoi n’écoutes-tu rien ? On est obligé de te disputer. Je n’ai pas envie de te punir, mais je ne peux pas te laisser faire des bêtises ! Qu’as-tu envie de faire ?
-Je veux taper. Je ne veux pas dessiner.
Voyant qu’il a besoin d’être compris, entendu, je dois trouver une solution différente, complémentaire aux rappels des règles de bonne conduite. Il est important qu’il libère sa colère sans que cela ne porte préjudice aux autres ou à l’activité. 
-Tu veux taper, mais comment ?
-Je ne veux pas dessiner mais taper avec les crayons !
-Cela va les abimer !
-Je veux taper !
-Ok. J’entends ce que tu me dis. Tu as envie de t’exprimer ainsi. Je te propose de sacrifier trois feutres et de frapper avec sur le papier à dessin. Quelles couleurs choisis-tu ?
-Le rouge, le jaune et le bleu.
Anthony s’en donne à cœur joie et remplit le pourtour de la feuille, faisant une magnifique décoration : des points plus ou moins gros, avec des éclaboussures, faisant penser à des soleils ou des étoiles. Je le félicite pour son œuvre, et la montre aux autres enfants, comme je le fais à chaque fois pour valoriser le travail de chacun et encourager la création.
Voyant cela d’autres enfants veulent faire de même. Quelques feutres sont sacrifiés. Mais Anthony est calmé, et peut enfin dessiner. Finalement, il y prend goût et me demande s’il peut revenir une autre fois. Les enfants sont tous ravis de s’être exprimés différemment, d’avoir bravé un interdit. Ils ont pu se défouler tout en restant encadrés.


Objectifs : permettre à l’enfant de trouver sa place, lui montrer qu’on l’écoute, le comprend, et le respecte au même titre qu’il doit nous respecter. 


Histoire 4
Je suis seul

 

Après le racontage de l’histoire « Lapinou est différent » dans une médiathèque auprès de scolaires de 8-10 ans, des groupes se forment pour jouer avec les marionnettes et les personnages. Chacun construit une histoire et la présente aux autres. Seul un enfant, Mario, ne fait pas partie d’un groupe. 
Quand vient son tour de présenter son petit spectacle, il en vient à parler de la solitude de la marionnette qu’il a choisi, à savoir un chat :
-Je suis tout seul. Personne ne veut jouer avec moi. Personne ne me comprend. Je suis différent des autres. Personne ne m’aime. Je suis triste.
Comprenant qu’il parle de lui, je me saisis de la marionnette renard, et me joint à lui :
-Moi aussi, je suis tout seul. Les autres ne veulent pas jouer avec moi. De toute façon, leurs jeux ne m’intéressent pas. Ils rient de choses qui ne me font pas rire. Ils parlent de sujets qui ne m’intéressent pas. Je me sens différent, pas normal. C’est dur. 
-Tu es comme moi ?
-Oui, je suis différent, tu l’es aussi, mais sans doute d’une autre manière. Nous n’avons pas les mêmes goûts, les mêmes envies, les mêmes idées. Mais nous savons faire d’autres choses. Il faut peut-être leur montrer ? Ça pourrait les intéresser ?
-Tu crois ? C’est vrai que je me trouve bien quand même. Je ne suis pas bête. C’est vrai que je fais des choses qu’eux ne savent pas faire. 
-Et puis ce n’est pas parce qu’ils sont plus nombreux à se ressembler, ou à faire pareil qu’ils ont raison ou qu’ils ont plus la pertinence, le droit d’exister. Si tu veux on pourrait jouer ensemble ?
-Oui, je veux bien. Moi j’aime bien discuter, comprendre comment tout fonctionne. Je me demande aussi pourquoi on doit apprendre des choses inutiles à l’école.
-Moi aussi, ça tombe bien. Mais ce que je peux te dire c’est que tout sert dans la vie. Il faut apprendre le plus de choses possibles. On ne sait pas à l’avance de quoi on va avoir besoin, quel métier on fera. 
-Moi, je veux être pompier.
-Peut-être que tu le seras. Mais peut-être pas. Tu pourras changer d’avis. Tu ne peux pas le savoir à l’avance. Tu as encore plein de choses à apprendre. On apprend tout le long de sa vie.
-Tu sais, je parlais de moi, en fait. La marionnette est comme moi.
-J’avais compris. Et moi aussi, je parlais de moi, lorsque j’étais enfant. A cette époque, je me retrouvais souvent toute seule car j’étais timide et me sentais différente, moins bien que les autres. Avec l’âge, j’ai pris de l’assurance. J’ai appris à mieux me connaître, à accepter qui je suis. J’ai trouvé ma place. A présent, j’ose dire et faire ce qui me semble juste. 
-Ça ira mieux quand je serai grand ?
-En général, les choses s’arrangent avec l’âge ! En attendant, dis-toi que tu es quelqu’un de bien, avec plein de qualités. Tu as du mal pour l’instant d’avoir des amis mais ça peut changer. Il suffit de pas grand-chose parfois : dire ce que tu ressens, demander l’aide d’un adulte, ne pas rester dans ton coin à bouder, aller vers les autres. Ne leur demande pas de changer mais prend juste ce qu’ils peuvent te donner ! Donne-leur l’exemple !
- Et alors, ils m’accepteront comme je suis ? 
-Il y a de fortes chances !
Suite à cet échange, les autres enfants comprirent sa souffrance. Certains se dirigèrent même vers lui pour lui proposer de raconter une histoire ensemble. 
Plus tard, lors d’une rencontre avec les enseignants, je sus que le comportement des enfants avait changé à l’école. Ils avaient intégré Mario à leurs jeux. Mario devenait de plus en plus ouvert et sociable. Ses résultats scolaires s’améliorèrent également.

 

Objectifs : permettre à chaque enfant de s’exprimer avec ses mots en utilisant les moyens mis à sa disposition. Favoriser l’acceptation de la différence.


Histoire 5
Je me révèle

 

Résumé : Après un racontage, les enfants se mettent par groupes pour inventer une petite histoire. Quatre enfants très à l’aise proposent de commencer à présenter leur petit racontage. Mais au moment de s’exprimer, ils perdent leurs moyens, rient, et finissent même par se cacher. C’est là qu’intervient un enfant hyperactif : il prend une marionnette et va à la rencontre des autres, qui lui répondent alors à travers leurs marionnettes. 
Par ailleurs un enfant timide jusque-là se prend au jeu et fait parler sa marionnette qui, elle, a des choses à dire. 


Conclusion : Grâce à la marionnette qui offre la possibilité de jouer un rôle, le timide parle, l’hyperactif se canalise et donne le meilleur de lui-même. Dans ce cas précis, il a été le seul à trouver un moyen d’aider les autres.

 

 

Histoire 6
Il se moque de moi

 

Résumé : Un enfant se plaint qu’un autre se moque de lui. Je lui explique qu’il a le choix de sa réaction : être en colère, être vexé, pleurer, taper, se venger, crier, faire le mort, se moquer à son tour, partir, demander de l’aide, rire… Je lui propose de jouer les différentes situations. Cela lui permet de tester différentes attitudes, de prendre confiance en lui et de découvrir ses capacités cachées.
Tous les autres enfants du groupe se prennent au jeu. On doit tous se moquer les uns des autres. On s’entraîne. On rit. On s’entraide. Cela se fait dans la bienveillance.


Conclusion : C’est important de montrer que l’on a le choix de réagir comme on le désire Surtout, il ne faut pas se laisser impressionner, aller chercher la force qui est tapie au fond de nous.

 


Histoire 7
Je l’avais en premier 

 

Résumé : Deux enfants se disputent un objet. Ils disent tous les deux qu’ils l’avaient en premier. Comme je n’arrive pas à savoir le fin mot de l’histoire, je ne peux pas trancher. Je leur propose qu’ils règlent ça par eux-mêmes : ils s’arrangent pour l’avoir chacun leur tour pendant le même temps. A eux de gérer le chronomètre. Et si cela ne va pas, personne ne l’aura ! J’en profite au passage pour les féliciter d’arriver à trouver un accord, d’être bienveillants, honnêtes.


Conclusion : Les enfants arrivent à trouver des solutions quand on leur fait confiance, les aide à devenir responsables et autonomes. 

 


Histoire 8
Il a dit des gros mots

 

Résumé : Lors de l’encadrement d’un groupe pour illustrer un livre, plusieurs enfants disent des gros mots. Les en empêcher n’est pas très efficace. Je décide donc de les laisser en dire tout en les encadrant. Cela se fait sous forme de concours : je les encourage à en inventer, la consigne étant de ne pas répéter un mot déjà dit. Ils peuvent ainsi se défouler, se libérer d’une forme de violence sans qu’il y ait de débordements. Quand je dis stop, ils arrêtent aussitôt et définitivement. Le calme revient. Ils se sont exprimés, ont été entendus et écoutés.


Conclusion : On permet là de transgresser un interdit temporairement et donc de libérer les enfants qui peuvent ainsi s’exprimer, à condition que l’on encadre avec des règles précises. Le tabou est alors dépassé et les enfants peuvent revenir dans le cadre et se concentrer.

 


CHAPITRE 2
CONFLITS ENTRE PARENTS ET ENFANTS

 

Les relations sont parfois tendues entre les enfants et leurs parents. Les parents essaient de faire pour le mieux, persuadés d’agir pour le bien de leur enfant, pensant bien le connaître.
Quant à l’enfant, il a souvent l’impression de ne pas être compris, écouté, respecté, voire même aimé.
En cas de problème avec le monde extérieur, l’enfant est persuadé que ses parents ne vont pas l’écouter, le comprendre, qu’il n’y a rien à faire. En plus, comment trouver les mots ? Aucune solution ne semble possible. L’enfant ne veut pas non plus décevoir ses parents, son entourage. Il a souvent honte, ou pense qu’il a ses torts.
Quant aux parents, ils sont souvent démunis. Ils ne savent pas non plus quel crédit accorder aux dires de l’enfant : Exagère-t-il ?     A-t-il bien compris ? Est-ce vrai ? Et lui, qu’a-t-il fait ?
Faire face à la réalité est parfois difficile, douloureux. Souvent, on préfère la nier, la contourner. Car l’accepter, la prendre en compte veut dire réagir, et ensuite faire face à des situations imprévues et éventuellement difficiles à gérer. 
La communication est bloquée. Chacun reste dans son monde, avec ses croyances, sa souffrance, ses questions, son impuissance... 
Une personne étrangère peut parfois aider. Elle n’est pas impactée émotionnellement. Elle peut prendre du recul, être observateur de la situation, et ainsi garder son objectivité. Elle peut soulager, donner des pistes, montrer une autre façon de voir…



Histoire 1
Vous avez un livre sur les jeux vidéo ? 

 

Lors d’une séance de dédicace au centre Carrefour de ma région, je rencontre une maman, avec ses trois enfants. Après que je lui ai présenté mes livres, elle me demande :
-Vous avez un livre sur les jeux vidéo ?
-Vous voulez dire un livre qui parle d’un enfant qui joue beaucoup aux jeux vidéo ?
-Oui, c’est ça. Ma fille aînée passe son temps dessus.
-Quel âge a-t-elle ?
-12 ans.
-Elle est au collège, en 6ème, alors ?
-Oui.
-Et ça se passe bien ?
-Oui, en tous les cas, elle ne s’en plaint pas. Mais depuis qu’elle y est, elle a changé. Elle reste souvent dans sa chambre. Elle ne nous parle presque plus et nous répond mal.
Je regarde la jeune fille. Elle baisse la tête, a le teint gris, fermé. Je m’adresse à elle :
-C’est vrai ? Ça se passe bien à l’école, avec les profs, les copines, les copains ?
-Oui.
-Tu as de la chance, parce que moi, j’en ai bavé. C’était dur, on se moquait de moi, à cause de mon nom de famille, qui est celui d’une ville. Parfois, quand je n’en pouvais plus, je me battais.
La jeune fille commence à me regarder, intéressée. Je lui donne quelques détails supplémentaires. Elle se met alors à me confier :
-On se moque de moi à l’école. Les autres me disent que je suis moche, que je suis bête.
-Et tu penses qu’ils ont raison ?
-Ben oui, puisqu’ils le disent.
-En as-tu parlé à quelqu’un ?
-Non, ça ne sert à rien.
-Déjà, moi, je te trouve mignonne, mais chacun ses goûts, on ne peut pas plaire à tout le monde ! Ils te disent aussi cela sans doute par jalousie, ce qui prouve que j’ai raison : tu es mignonne, en effet ! Pour ce qui est de l’intelligence, je vois bien que tu n’es pas bête. Après, l’es-tu dans tous les domaines ? Je ne pense pas. Qui l’est ? Il y a différentes formes d’intelligence, on ne peut pas être fort dans tous les domaines !
La jeune fille esquisse un sourire. Je continue :
-C’est difficile pour toi de te défendre. Seule, c’est quasiment mission impossible. Tu peux demander de l’aide : le soutien de tes parents, l’intervention des adultes au collège. Il y a des solutions.
-Ils ne vont pas me croire.
- Mais si tu n’essaies pas, tu ne sauras pas.
La maman intervient :
-Pourquoi tu ne m’as rien dit ? Je t’ai punie alors que tu souffrais, que tu avais des problèmes ! Je m’en veux.
Je rassure la maman en lui affirmant :
- Votre fille avait peur de ne pas être crue d’une part. Et d’autre part, elle ne voulait pas vous décevoir ou vous faire du mal.
-Mais c’est mon rôle de la soutenir !
M’adressant à la jeune fille :
-Tu n’as pas permis à ta maman de remplir son rôle, petite coquine ! Mais sais-tu que tu peux faire quelque chose par toi-même ?
-Quoi ?
-Déjà, pour ce qui est du nom de famille : tous les noms ont un lien avec une ville, une rivière, un métier, un trait de caractère…Donc on peut se moquer de n’importe quel nom. Du coup, soit tu renvoies l’ascenseur en disant par exemple (si tel est le cas) « T’es pas au courant que ton nom est celui d’une ville aussi ? T’es pas très cultivé ! »
-Et pour ce qui est de ta « beauté » tu peux dire : « je sais il y a plus beau, plus moche comme toi par exemple. Mais ça n’engage que moi, chacun ses goûts.
-Je n’y arriverai jamais !
-Ça c’est parce que tu ne crois pas en toi. Tu n’oses pas. Tu ne t’aimes pas vraiment. Et tu voudrais que les autres t’aiment ? Va chercher les forces qu’il y a au fond de toi. Et crois-moi, tu en as. Moi, le les vois. Montre-les et personne n’osera plus jamais t’embêter.
-Comment je vais faire ?


A l’aide d’un petit jeu de rôle, je lui prouve qu’elle en a les moyens. Elle avait juste besoin d’être guidée, encouragée.
Après cette discussion, la jeune fille a retrouvé le sourire, l’espoir, la joie de vivre, une certaine assurance et montré pleinement sa beauté. 
Afin de continuer à lui apporter mon aide dans le futur, je lui propose de faire une photo, et de la regarder en cas de problème, lui disant que je serai toujours là pour la soutenir, l’aider à aller puiser la force qu’il y a au fond d’elle-même. 
Nous nous sommes quittées après s’être prises dans les bras et avec tous les remerciements de la maman.

 


Histoire 2
Mon enfant ne veut pas faire ses devoirs 

 

Lors d’un salon du livre, un papa me demande si j’ai un livre qui traite d’un enfant qui ne veut pas faire ses devoirs. Je lui réponds que non. 
Je lui donne quelques idées pour que son enfant fasse ses devoirs avec moins de souffrance :
- l’aider, le mettre sur la piste : peut-être qu’il ne sait pas s’y prendre, qu’il ne comprend pas la question, qu’il a un problème de logique, de méthode, de dyslexie ou autre
-Les faire avec lui sous forme de jeu
-Lui permettre de les faire dans un environnement plaisant : une cabane sous la table, allongé par terre…
-Les faire dans l’ordre qu’il désire, à sa manière, et pourquoi pas en zapper certains !
-Les faire avec une autre personne (adulte ou enfant)
-Inverser les rôles : le papa est l’élève, l’enfant l’enseignant
-Lui montrer qu’on le comprend, que ce n’est pas drôle de faire quelque chose qui ne plait pas 
-Lui expliquer comment ce qu’il apprend pourra lui servir dans la vie un jour ou l’autre, en fonction du métier qu’il fera (et même s’il a une idée de ce qu’il veut faire, ses goûts peuvent changer et ses capacités évoluer !).


Chez certains enfants, l’obligation de faire un travail qui effraie ou qu’on pense inutile peut conduire à la révolte. Chaque problème a une solution. Chacun doit trouver celle qui convient le mieux à chaque partie. L’empathie, la bienveillance aideront à trouver la solution. Encourager, récompenser est positif. Humilier, punir peut faire des dégâts : sentiment d’injustice, envie de se révolter, émergence d’un blocage…


Suite à ce dialogue, j’ai écrit une histoire sur ce sujet.